21 février 2013
Titre original : « The Natural Step Story : Seeding a Quiet Revolution ».
Pas de traduction française.
604 Mots – Temps de lecture : 3 minutes
Mots clés
The Natural Step, Durabilité
Review
Ce livre relate l’histoire de l’organisation The Natural Step (TNS) du point de vue de son fondateur, Karl Henrik Robert, un cancérologue suédois passionné par la question de la durabilité (sustainability). K.H. Robert a conçu TNS à la fin des années 80 comme un pont entre scientifiques et décideurs pour aider ceux-ci dans leur prise de décision en vue d’un monde plus durable.
TNS offre un cadre méthodologique pour évaluer la durabilité des activités d’une organisation et pour mettre en place les ajustements stratégiques nécessaires (ils peuvent être par exemple utilisés pour la conception de nouveaux produits et services).
TNS est un exemple très intéressant d’une initiative prise par un groupe de scientifiques pour influencer les décideurs économiques et politiques. Sans moyens financiers au démarrage, ils ont réussi à avoir un impact important sur la communauté des dirigeants suédois, et à se développer à l’international (TNS est toujours actif dans de nombreux pays).
Ce succès est certainement dû en grande partie à la qualité du travail effectué, notamment à l’effort déployé pour identifier des principes étayés sur des faits scientifiques, sur lesquels un consensus pouvait être atteint, et à traduire ces principes dans des termes compréhensibles pour les décideurs économiques et politiques.
Le cadre proposé par TNS est exigeant, et représente un défi pour les organisations qui n’ont jamais vraiment réfléchi à la durabilité de leur activité. Quatre conditions doivent être remplies pour garantir la durabilité :
1- La nature ne doit pas être soumise à des concentrations toujours croissantes de substances extraites du sous-sol de la planète (métaux, minéraux, et énergies fossiles). Concrètement, cela signifie pour les entreprises d’opérer un transfert vers les énergies renouvelables et vers des matériaux comme le bois, la céramique, le verre etc…
2- La nature ne doit pas être soumise à des concentrations toujours croissantes de substances produites par l’activité humaine. Cela exige d’écarter de l’activité économique toutes les substances qui ne sont pas biodégradables et communément trouvées dans la nature.
3- La nature ne doit pas être soumise à des dégradations physiques (ce qui exclut par exemple le recours à l’agriculture industrielle qui détruit les sols et l’usage de bois venant de forêts qui ne sont pas gérées de façon durable).
4- Les besoins humains dans le monde doivent être couverts (à l’heure actuelle, 20% de la population mondiale utilise 80% des ressources tandis que les 20% les plus pauvres souffrent de la faim ou de malnutrition et n’ont pas d’accès à l’eau potable).
(Ces 4 conditions sont bien sûr présentées en détails dans le livre, et sont aussi décrites dans plusieurs documents qui peuvent être téléchargés gratuitement sur le site de TNS : www.naturalstep.org).
Beaucoup de dirigeants et managers apprécieront que TNS ne vise pas à créer un changement en les culpabilisant : l’approche choisie est plutôt d’engager un dialogue constructif et respectueux avec les entreprises sincèrement prêtes à évoluer vers la prise en compte des 4 conditions posées.
Plusieurs chapitres présentent des cas d’entreprises qui se sont engagées dans cette voie : IKEA, Mc Donald’s Suède, et la chaîne d’hôtels Scandic (principale chaîne d’hôtels en Scandinavie). Dans le cas d’IKEA (le premier “client” de TNS-) les dirigeants se sont explicitement référés au cadre proposé par TNS pour introduire des produits remplissant progressivement les 4 conditions, bien que certains managers aient dans un premier temps exprimé leur crainte d’une hausse importante des coûts.
Les cas datent maintenant un peu (le livre a 10 ans) mais restent très inspirants. L’actualisation de certains de ces cas fera peut-être l’objet d’une prochaine chronique! En attendant, je vous souhaite bonne lecture si vous décidez de vous plonger dans ce livre.